de Pauline Rigal
16mm sur vidéo, couleur, son, 46’, 2024
Sur les bords sauvages d’une rivière cévenole, Philip et Tristan restaurent les systèmes d’irrigation d’un ancien moulin à eau du XVIIe siècle. Suspendus au passage de l’eau, ils travaillent ensemble, s’arrêtent, se reposent, partagent des moments d’accalmie.
Le film se déroule comme une fable, proche du film muet, dont les quelques éléments narratifs structurent la découverte du lieu et du passage de l’eau; l’arrivée soudaine d’un violent orage, un chant occitan dans le moulin pendant la pluie, l’arrêt de l’eau dans le béal, un feu dans le bassin… Telles des méditations sur le travail et la répétition, la lenteur des plans et le rythme donné par le montage rappellent sans cesse la fragilité de ces ouvrages et leur disparition, et plus largement la disparition de l’eau et la destruction de ces paysages sauvages au fil du temps – la menace de la destruction et de la perte comme fil dramatique traversant le film. Le film argentique comme médium porte autant de fragilités et d’incertitudes que le travail de ces deux protagonistes. Ces moulins ne tournent plus depuis très longtemps. Ils sont presque invisibles dans le film, mais habitent ce hors champ et cette mémoire ; le travail de ces deux personnages est à la fois essentiel dans la préservation de ce patrimoine et cette gestion de l’eau, mais aussi chargé d’absurdité car privé de sa finalité. Le ballet méthodique et incessant de ce duo à s’affairer à creuser ce canal à flanc de montagne, leur va-et- vient pour faire circuler l’eau transforment peu à peu le cadre qui s’emplit des changements sur le paysage.