JEUDI 8 DÉCEMBRE à 18 heures à L’Abominable et à 21 heures au cinéma L’Etoile
à 18 heures (au L’Abo)
Collectif Mohamed
Le garage – France, super 8, couleur, son, 30’, 1979
Zone immigrée – France, super 8, couleur, son, 40’, 1980
Ils ont tué Kader – France, super 8, couleur, son, 20’, 1980
Cette séance est consacrée aux films du Collectif Mohamed. Entre 1977 et 1981, des jeunes adolescents, habitant des cités d’Alfortville et de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, se réunissent et forment le Collectif Mohamed. Ensemble ils tournent trois films de court-métrage. Ce projet naît de leur volonté de filmer leurs propres images, de raconter par eux-mêmes leurs histoires, d’enquêter au sein des cités où ils vivent, de s’amuser, mais aussi de produire un discours politique et donner forme à leur révolte. Ils se sont cotisés et ont acheté quelques bobines Super-8, le support amateur de l’époque, ils ont emprunté du matériel dans leur lycée, et monté leurs images avec l’aide d’un enseignant. Ces films ont été distribués par AUDIOPRADIF, un collectif qui « aidait tous ceux qui ont quelque chose a dire et des luttes à porter, à mettre en forme ces projets et à les diffuser partout où c’est possible, pour changer la vie, car c’est l’affaire de tous ».
Le Garage
Un court documentaire-fiction, où les jeunes filment leur quotidien et leurs amis. Le film se tourne autour du « Garage », un lieu que les jeunes ont obtenu dans la cité, afin de pouvoir se rassembler autre part que dans la rue, avoir un espace à eux, un lieu où organiser des réunions, des activités d’éducation diverses, des rencontres, des fêtes.
Zone Immigrée
Une enquête dans la ville pour interroger l’agression d’un jeune par un chauffeur de bus. Un peu partout dans la rue, le collectif va à la rencontre des gens pour se demander quelles sont les causes et les effets de certaines formes de violence.
Ils ont tué Kader
Un film qui prend le chemin du combat politique. Suite à la fermeture du garage, les jeunes sont obligés de se rassembler dans la rue. Un soir un gardien tire sur l’un d’eux, Kader, et le tue. Suite à cet événement, les médias viennent dans la cité, pour faire un reportage et pour récupérer des images de leurs films. Un film qui pose de nombreuses questions sur le rôle des médias en banlieue, et sur la nécessité de produire soi-même des images.
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à 21 heures (à l’Etoile)
Touki Bouki
de Djibril Diop Mambéty
Sénégal, 35mm (vostf), couleur, son, 85’, 1973
A Dakar, où il est venu vendre son troupeau, Mory, un jeune berger, rencontre Anka, étudiante. Au sein d’une société cruelle, coincée entre tradition et modernité, ils forment un couple de marginaux. Ils s’inventent des histoires pour s’évader et, face à la mer, rêvent de prendre un bateau qui les mènera en France. Tous les moyens leur sont alors bons pour se procurer l’argent du voyage… Un film mythique du cinéma africain.
« C’est une bonne chose pour le futur du cinéma que l’Afrique existe. Le cinéma est né en Afrique, parce que l’image elle-même est née en Afrique. Les outils, oui, sont européens, mais la nécéssité et la motivation créative existe dans notre tradition orale… L’Afrique est une terre d’images, non seulement parce que les masques africains ont révolutionné l’art à travers le monde, mais aussi simplement que paradoxalement comme conséquence de la tradition orale. La tradition orale est une tradition d’image… L’imagination crée les images et les images créent le cinéma, donc nous nous inscrivons dans cette lignée en tant que parents du cinéma. » (Djibril Diop Mambéty, 1998)