de Léa Lanoë
16mm, HD, DV sur vidéo, couleur, son, 79’, 2024
« Portrait à fleur de peau, coulé dans l’amitié et le plaisir du jeu, de Gerda Frieda Janett Gröger, au verbe haut et punk, à la poésie brandie envers et contre tout.
Gerda Frieda Janett Grôger, « née en 1972, de signe astrologique Balance, tapeuse d’œufs », est sur la brèche. Elle trace des sillons dans le réel à coup de punchlines poétiques et punk et ne laisse rien tranquille (l’espace public, les dénominations psychiatriques, nous). Le premier long métrage de Léa Lanöe est un portrait documentaire lumineux et poignant. Frieda TV reste irréductible à un genre comme Gerda Frieda Janett Gröger échappe à toute tentative d’être saisie, fixée, définie. Il sécrète plutôt l’idée que c’est son personnage lui-même qui se met en scène selon son bon vouloir, tout en rappelant en permanence, par la présence discrète et tendre de la réalisatrice, que la relation filmée provient d’une complicité primordiale. Frappe alors combien la douceur de Léa Lanöé répond à la vitalité foudroyante de Gerda Frieda Janett Gröger. Et vice versa. Frieda TV est le témoignage d’une amitié qui a fait du cinéma l’objet d’un acte de reconnaissance mutuelle : l’une acceptant de jouer le jeu, l’autre de faire un film. Sont consignés, en 16 mm ou en DV, et montés à fleur de peau des saynètes et des moments de vie qu’ont partagé sur un temps long et indéfini la cinéaste et son modèle. L’ensemble respecte et épouse fermement les changements identitaires comme les variations d’intensités qui font et défont le quotidien de Frieda. Parce qu’elle fait de la caméra son alliée, nous pouvons supporter la frontalité de sa parole qui expose la violence dont elle a été victime, les désastres intimes comme les états qu’elle traverse. Et le film produit ainsi son double mouvement : construire un chemin à sa rencontre et traduire, par son montage fragmentaire, ses états d’être. Frieda TV se trouve là, à une intersection irradiante qui interroge avec une rare finesse nos façons normopathes, individuelles et collectives, d’accueillir celles et ceux que l’on dit fous.» (Claire Lasolle)
Réalisé en collaboration avec Janett Gröger
Réalisation-image-son : Léa Lanoë
Costumes-décors-textes : Janett Gröger
Montage : Adrien Faucheux
Montage son / Mixage : Pablo Salaûn