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Trilogie Carnassière (2)

de Carole Thibaud

16mm, couleur, son opt.,14’, 2024

La trilogie Carnassière est un triptyque sur la viande.
Ce sont des animaux, des humains, des mises à mort, toujours dans un contexte intime, à la ferme, suivant une certaine tradition, avec ce qui s’est transmis et ce qui s’est perdu, avec de la joie, de l’improvisation, du chaos, mais aussi cette gravité nécessairement liée à la mort.
Le premier film est un tissage d’ailes, de plumes, et de sang de poulets.
Le second est une mise à mort de cochons, filmée en 16mm dans un lieu collectif, où l’on ressent l’importance forte de la transmission et du partage. De loin on croirait voir une agitation fébrile, confuse, mais c’est à l’approche que l’on découvre la précision des gestes et un savoir-faire précieux, et cela devient comme une danse de bottes, de mains et de couteaux. Il y a à la fois ce sentiment du moment grave, presque solennel, car on a tué et il faut que cela soit bien fait, et cette joie qui augure la convivialité à venir, le plaisir intense du repas partagé.

Création sonore : Blandine Brière
Fabriqué à Mire, L’Abominable et Color by Dejonghe.

 

Portait collage Claire Panaget

de Anaïs Ibert

Super 8 & 16mm sur vidéo, couleur et n&b, son, 5’20, 2024

« Elle a ouvert la porte, franchi le seuil. Elle s’est approchée, timide, s’est laissée imprégnée par cette langue étrange, ignorant encore qu’elle avait rendez-vous avec l’éternité. » Claire Panaget

 

 

Le pied du loup

de Fabrice Leroy

Super 8 sur vidéo, n&b ,son, 58’, 2024

« Et quand il n’y a plus rien, prendre conscience que rien ne pourra détruire la profondeur inconnue qui m’habite, que rien ne pourra détruire la vie qui ruisselle en moi. »
Ce qu’elle a vécu avant, nous l’ignorons. Ce à quoi nous assistons, c’est à son combat intérieur. Peu à peu, semblant émerger d’une longue absence à elle-même et à la vie, elle refait surface, dans sa masure aménagée de bric et de broc. Elle vit là au milieu des objets, les regarde, les touche, d’une façon étrange et tendre. Elle semble éprouver pour eux un attachement profond, comme s’ils lui révélaient quelque chose au-delà de leur simple qualité d’objet, comme s’ils avaient, en quelque sorte, une âme. Son empathie, cette façon organique de ressentir les choses, cette flamme qui l’habite lui permettent de sortir de sa mélancolie.
Elle a abandonné l’idée de vivre dans le monde extérieur, qui lui échappe, pour s’immerger dans un monde des sens, qui lui ouvre la porte vers une profondeur dans laquelle elle se sent à sa place. Elle traverse des moments où elle est submergée par des émotions qu’elle ne contrôle plus, mais ne renonce jamais, guidée par un élan vital intense. La lutte a beau être épuisante, elle ne démissionne jamais. Elle a parfois la sensation de fusionner avec la matière qui l’entoure, vivant alors chacun de ses gestes dans la plénitude parce qu’elle sait que le seul fait d’être vivante est un don dont il faut profiter au mieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Cinégraphie, les femmes de la tempête (I)

de Céline Ruivo

16mm, Super 8, vidéo sur vidéo, couleur et n&b ,son, 61’, 2023

Un corps féminin revêtu d’une robe de mariée opère un mouvement du haut vers le bas, il coule, attiré par une force de gravité.  Ce plan troublant, issu de Ritual in Transfigured Time de Maya Deren, est en négatif. Source d’inspiration et d’obsession pour la narratrice, cette image devient le moteur d’un journal filmé.  Cette quête d’une avant-garde féminine s’inscrit à New York, avec les cinéastes Peggy Ahwesh, Jeanne Liotta et Su Friedrich.

 

 

Corps cinétiques

de Frédérique Menant

Installation, 2 projecteurs 16mm, n&b, sil., durée ad lib, 2023

Deux films muets de 4 et 5 minutes sont diffusés sur deux écrans perpendiculaires ou côte-à-côte. Sur l’un des écrans se déploient des images d’archives de l’iconothèque de l’INSEP (Institut National des Sports, de l’Expertise et de la Performance), sorte de catalogue de mouvements de gymnastique artistique réalisé dans les années 1960. Sur l’autre, des images tournées au cours des entraînements des gymnastes de haut niveau du Pôle gymnastique de l’INSEP en 2023, en 16 mm noir et blanc.
Sur l’un et l’autre écran, les films ont été retravaillées au laboratoire pour être ralentis, répétés, surimpressionnés, altérés par les moyens photochimiques. L’écart entre les images d’archives et les images contemporaines se resserre ou se creuse au gré de la rencontre des deux boucles et de l’attention que porte le spectateur aux détails du mouvement et des corps.

Réalisé dans le cadre d’une résidence de recherche et création « Artistes et sportifs associés 2023 », accompagnée par L’Abominable, et portée conjointement par le Département de la Seine-Saint-Denis et la Ville de Paris, dans le cadre de l’Olympiade culturelle Paris 2024.

 

 

Una Nube

de Max Belmessieri

Super 8 sur vidéo, couleur et n&b, son, 28’, 2024

La photographe Carlota Cortés se voit confier un vague reportage sur les nuages.
Elle s’interroge sur le sens de cette nouvelle mission et se demande comment photographier quelque chose d’aussi mouvant, quelque chose qui n’a, par essence, pas de forme prédéterminée. Ce travail sur l’évanescence la ramène au fantôme qui la hante : son amant Marko, disparu de sa vie des années auparavant.
Marko, quant à lui, est bien vivant mais en partie amnésique. Il regarde en boucle ses films Super 8, seuls souvenirs des années passées avec Carlota. Il s’interroge : pourquoi ne lui parle-t-elle plus ? Pourquoi, dans l’un de ses films, est-elle en train de s’enfuir ?
Au cours de sa quête photographique, Carlota commence à sentir la présence de son homme qui se manifeste bientôt sous la forme d’une volute nocturne psalmodiant : « Rien ne se perd, tout se transforme ».
Tandis que Carlota s’efforce de déchiffrer les histoires fluctuantes que racontent les masses nuageuses, Marko continue ses projections de films… et un étrange phénomène commence, qui mène à plusieurs interprétations : soit les films Super 8 influencent les choix de Carlota, soit les nuages induisent ceux de Marko. Ou peut-être… L’un des deux mondes n’existe que dans l’imagination de l’autre.
En accordant une extrême attention à la nature, Carlota pourrait-elle capter l’insaisissable afin de se reconnecter avec sa propre histoire ?

 

 

Séance Gaëlle Rouard, “Darkness, Darkness Burning Bright” – le 25 juin à 21h30 au Reflet Médicis

Dans le cadre de l’école d’été “Pratiques et savoirs argentiques”, L’Abominable et l’Ecole Universitaire de Recherche ArTec sont ravis d’organiser avec le cinéma le Reflet Médicis cette séance publique exceptionnelle du film de Gaëlle Rouard, “Darkness, Darkness Burning Bright”.

***La copie originale sera projetée en 16mm par la cinéaste***

Séance unique le mardi 25 juin à 21h30, au Reflet Médicis, 3 rue Champollion, 75005 Paris.
Lien billetterie

Darkness, Darkness, Burning Bright, de Gaëlle Rouard
70 min, 2022, Couleur 16mm.

Première partie Prélude
Ténèbres, ténèbres brûlantes,
Dans les forêts de la nuit
Vaste sentiers fleuris, fraîches ramures, 
Bosquets pleins de parfums, d’oiseaux et de murmures, 
Site revu souvent, et toujours contemplé
Vent qui gargouillez au fond des cheminées que des mois, des heures et des journées…. 
Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler,
Tant de rayons qui tous m’arriveront trop tard !
couronnés
De joie et de fleurs, dans les blés.
Vent qui gargouillez au fond des cheminées que des mois, des heures et des années…. 
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles
Là-bas, groupes meuglants de grands boeufs aux yeux glauques
Pour que, plongés en leur douceur et leur prière,
Plus clairs et mieux trempés, ils soient rendus.
Pour qui les voit nus et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles !

Seconde partie Oraison
Ténèbres, ténèbres brûlantes,
Dans les forêts de la nuit
Et l’élan fou de cette âme éperdue,
Et qu’eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
Ô Mort mystérieuse, ô soeur de charité.
Quelle âme revêtir dans cette forêt vierge
Qui va, grimpant les monts, au ciel donner assaut,
Grande nuit ! Sanctuaire auguste des secrets.
Aïeule de la mer antique et des forêts.
Herbes frêles, rameaux tendres, roses trémières,
Et l’ombre qui les frôle et le vent qui les noue,
Et fortement, avec les poings de ses nuées,
Sur l’horizon verdâtre, écrase des soleils.
——–


Toutes les infos sur l’école d’été “Pratiques et savoirs argentiques : recherches expérientielles de l’image en mouvement” : https://eur-artec.fr/evenements/ecole-dete-2024/

Rejoignez l’équipe au poste d’administrateur.rice

Rejoignez l’association L’’Abominable pour prendre la relève de la gestion administrative de l’association L’Abominable et construisez avec nous le Navire Argo : un nouveau lieu regroupant laboratoire de cinéma et salle de projection publique dédiée à l’argentique, dans les anciens laboratoires Éclair à Épinay-sur-Seine.

Nous proposons un CDI de 35h par semaine au poste de chargé.e d’administration.

Pour candidater,  envoyez un CV et une lettre de motivation à labo@l-abominable.org avant le 15 juin 2024.

Découvrir le projet du Navire Argo :

Séance spéciale Talitha / Julius-Amédée Laou, le 1er juin 2024 sur le site Eclair

À l’occasion de la Nuit blanche, à partir de 19h.

À l’occasion de la Nuit blanche, L’Abominable et l’association Talitha, engagée dans la recherche et la re-circulation d’œuvres sonores, filmiques et de récits marginalisés, s’associent pour une programmation de films rares du cinéaste et dramaturge Julius-Amédée Laou, en sa présence.

Julius-Amédée Laou est né à Paris dans une famille martiniquaise. Ses films sont de ce « cinéma qui lutte, qui s’oppose, qui propose, qui expérimente. Un cinéma trop souvent invisible. » 

Les films Solitaire à micro ouvert et Mélodie de brumes à Paris seront projetés en 16 mm, sur la friche industrielle des anciens laboratoires Éclair, seront projetés en 16 mm sur la friche industrielle des anciens laboratoires Éclair, dans les espaces mêmes où L’Abominable construit le Navire Argo.

Les films seront projetés deux fois, une séance à 19h et une séance à 21h.
Une discussion avec le cinéaste Julius-Amédée Laou et l’association Talitha est prévue entre les deux séances.

Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Accès : Navire Argo, Site Eclair, Epinay sur Seine – Tramway Lacépède

Et ce soir là, à l’Eclair, Soukmachines ouvre sa Guinguette!



SOLITAIRE À MICRO OUVERT
1984, France, 16mm, 18 min
Avec Serge Ubrette, Jacques Martial
À Paris, un jeune antillais a été victime d’un assassinat raciste. Son frère, fou de désespoir, armé d’un pistolet, pénètre dans les locaux d’une radio libre antillaise de Paris et prend toute l’équipe en otage. Toute la nuit il va parler à la communauté antillaise pour leur dire leurs carences, leurs faiblesses, leur manque de solidarité. Au petit matin, il sera emmené par la police.
Produit par le GREC et avec le soutien du CNC

MELODIE DE BRUMES A PARIS
1985, France, 16mm, 22 min
Avec Greg Germain
Richard, un Antillais d’une quarantaine d’années vivant à Paris, est hanté par les souvenirs traumatiques et la honte d’avoir combattu avec les français en Algérie. Un père ré-apparaît. Un tournage est interrompu. Dans son deuxième court métrage, Laou évoque le racisme quotidien en France, la jeunesse des années 1980, ainsi que les effets dévastateurs du colonialisme sur l’individu et la société. 
Distribution : Talitha

J’ai voulu témoigner de la présence de ces premiers Antillais arrivés en France au début du siècle et qui ne sont jamais repartis. Ma propre famille est venue à Paris au moment de la Première Guerre. En général, ces Antillais sont restés en France. Plusieurs se sont battus pour la France pendant la guerre d’Algérie. J’ai des oncles qui y sont allés. À leur retour, on traitait ces Antillais comme des indésirables et non comme des Français à part entière. C’est ce que j’ai montré dans Mélodie de brumes à Paris. La guerre d’Algérie est encore un sujet tabou en France.
Cinébulle,  Entretien avec Julius-Amédée Laou. Par Denis Bélanger et Michel Coulombe, 1988.


Avec le soutien de la Métropole du Grand Paris et du réseau Actes If.

Séance de L’Abominable au cinéma L’Ecran de Saint-Denis, le 7 juin 2024, à 20h.

Cinéma l’Ecran de Saint-Denis, 14 passage de l’Aqueduc, 93100 Saint-Denis

Depuis deux ans, l’association L’Abominable travaille à l’ouverture d’un nouveau lieu sur le site des anciens laboratoires Eclair d’Epinay-Sur-Seine : le Navire Argo.
Associant un laboratoire cinématographique partagé et une salle de projection publique équipée pour montrer les films sur leurs supports originaux, le Navire Argo sera un lieu de création, de projection et de transmission des savoir faire du cinéma argentique. Cette séance est l’occasion de marquer le lancement des travaux de réhabilitation du futur lieu. Pour célébrer ce nouveau départ, L’Abominable projette un programme de films de cinéastes de l’association, en 16mm et cousus mains ! 

Entrée libre dans la limite des places disponibles 


Programmation

REMEMBER TO REMEMBER

Sylvain Chaussée

16 mm, couleur, son optique, 8 minutes, 2018

Tourné sur une période d’un mois en Février 2013, Remember to Remember est le journal de bord d’un technicien de laboratoire de cinéma, luttant pour garder le rythme d’un lieu unique et farouche. Bien que certains éléments aient corrompu la réalisation du film, il en reste aujourd’hui un testament atypique de la passion du cinéma analogique.

BOSCO

Stefano Canapa, Lucie Leszez

16 mm, noir & blanc, silencieux, 8 minutes, 2023

Trois cinéastes rapportent des images de la forêt. Elles sont ensuite retravaillées et déstructurées avec les moyens du laboratoire photochimique : tirage à plat, tireuse contact et optique. Des rayons X percent un beau noir et blanc tranché.

MAN OF ARAL

Helena Gouveia Monteiro, Nicolas Clair (musique)

16 mm , couleur et noir & blanc, son optique, 7 minutes, 2023

Man of Aral est un film expérimental créé à partir de vues satellite de la Mer d’Aral en Asie centrale, montrant son dessèchement graduel et la transformation radicale du paysage environnant en conséquence de l’activité humaine.
Tel la mise en scène d’un récit autour d’une mer sans eau, Man of Aral présente l’érosion du paysage et du matériau filmique lui même comme des temporalités humaines et géologiques rivales, à travers des vues distantes d’un territoire aux changements rapides mais à peine visibles, un événement clé d’une échelle sans précédent.

AGUA DE VINAGE

Frédérique Menant

16 mm, couleur, son optique, 39 minutes, 2022

Une femme chemine dans des paysages insulaires où se dessinent les territoires intimes d’un deuil. Que fait-on des morts qui continuent à vivre en nous ? Comment vivre à la fois avec et sans eux ? Par une approche sensible, presque tactile, un monde se recompose où les absents trouvent une place au côté des vivants, où la sensualité l’emporte sur l’effondrement.