En mars, une programmation intitulée « Nous, la forêt qui brûle » invite à défendre La Parole Errante à Montreuil et à inventer son devenir. Une soirée autour de l’œuvre de Günther Anders y aura lieu le 15 mars, coorganisée avec L’Abominable et la librairie Michèle Firk, pendant laquelle sera montré le film autrement, la Molussie de Nicolas Rey.
Autour de Günther Anders, à la Parole Errante le mardi 15 mars 2016
Günther Anders (ou Günther “Autrement”), né en 1902 et mort en 1992, élève de Husserl et de Heidegger, premier mari de Hannah Arendt, a produit une œuvre importante, ancrée dans le concret bien que principalement philosophique, une œuvre à la fois visionnaire et soucieuse d’être de son temps, en colère et toute empreinte de rationalité. S’intéressant d’abord à des sujets aussi bien esthétiques que politiques, contemporain de Brecht et de Benjamin, prenant la route de l’exil tout comme eux, il est marqué à jamais par l’horreur des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki et ne cessera depuis ce moment-là de dénoncer une société où l’humain est rendu “obsolète” par la toute puissance de la technologie dont le nucléaire lui paraît-être l’aboutissement le plus néfaste. Les idées d’Anders seront souvent reprises par plus célèbres que lui (Marcuse, Debord etc.) et ses textes circuleront notamment dans le milieu de l’écologie radicale en Allemagne et en Autriche dans les années 1970-80 mais il faudra attendre 2002 avant la publication en français du premier tome de L’Obsolescence de l’homme. Depuis, beaucoup de ses ouvrages ont reçu une traduction française.
18h : projection de Que jamais nous n’aurons été là. Günther Anders, un fragment, film (16mm sur vidéo, 38′, 1993) réalisé par Roswitha Zwiegler qui est partie à la rencontre de Günther Anders en 1987 dans la foulée de la la publication du célèbre entretien avec Mandfred Bissinger dans la revue Natur, où à la suite de l’accident nucléaire de Tchernobyl, Günther Anders appelle à empêcher physiquement les responsables de l’industrie nucléaire de nuire. (Le texte de cet entretien et les réactions qu’il a suscité est publié aux Editions Fario ; le film, inédit en France, a été traduit par Anne Grèzes et Maura McGuinness.)
19h : lecture d’extraits de L’obsolescence de l’homme et rencontre avec Philippe Ivernel, traducteur de Bertolt Brecht, Walter Benjamin, Theodor Adorno et… de plusieurs ouvrages de Günther Anders, à propos de la pensée d’Anders, de son parcours intellectuel et de son actualité.
21h : projection de autrement, la Molussie de Nicolas Rey (16mm, 81 min, 2012), film en neuf bobines à partir de fragments de Die molussische Katakombe, roman antifasciste écrit par Anders dans les années 1930 et terminé en exil, publié en Allemagne en 1992 et à ce jour pas encore traduit en français. Dans ce texte matrice auquel Anders fera référence toute sa vie, des prisonniers d’une geôle d’un état fasciste imaginaire, la Molussie, se transmettent des histoires à propos du dehors, comme autant de fables à portée politique et philosophique.