Le pied du loup

de Fabrice Leroy

Super 8 sur vidéo, n&b ,son, 58’, 2024

« Et quand il n’y a plus rien, prendre conscience que rien ne pourra détruire la profondeur inconnue qui m’habite, que rien ne pourra détruire la vie qui ruisselle en moi. »
Ce qu’elle a vécu avant, nous l’ignorons. Ce à quoi nous assistons, c’est à son combat intérieur. Peu à peu, semblant émerger d’une longue absence à elle-même et à la vie, elle refait surface, dans sa masure aménagée de bric et de broc. Elle vit là au milieu des objets, les regarde, les touche, d’une façon étrange et tendre. Elle semble éprouver pour eux un attachement profond, comme s’ils lui révélaient quelque chose au-delà de leur simple qualité d’objet, comme s’ils avaient, en quelque sorte, une âme. Son empathie, cette façon organique de ressentir les choses, cette flamme qui l’habite lui permettent de sortir de sa mélancolie.
Elle a abandonné l’idée de vivre dans le monde extérieur, qui lui échappe, pour s’immerger dans un monde des sens, qui lui ouvre la porte vers une profondeur dans laquelle elle se sent à sa place. Elle traverse des moments où elle est submergée par des émotions qu’elle ne contrôle plus, mais ne renonce jamais, guidée par un élan vital intense. La lutte a beau être épuisante, elle ne démissionne jamais. Elle a parfois la sensation de fusionner avec la matière qui l’entoure, vivant alors chacun de ses gestes dans la plénitude parce qu’elle sait que le seul fait d’être vivante est un don dont il faut profiter au mieux.